A la manière de Daniel Castonguay

Les photos de Daniel Castonguay ont un style très particulier essentiellement appliqué lors du post traitement. Nous allons découvrir son travail, tenter d’analyser son style et de le reproduire. 

Après quelques réflexions sur la légitimité de la démarche, nous verrons :

  • Qui est Daniel Castonguay ?
  • Qu’a t-il dit ?
  • Que retenir de son style et de son post traitement ?
  • Quelques pistes et exemples de post traitement.

Depuis toujours les artistes ont copié leurs maitres afin d’apprendre, d’améliorer leur art. Ensuite, ils sont ajouté leur patte, leur style, leur émotion et ont pu créer un style leur appartenant. Donc quoi de plus normal que de vouloir travailler pour imiter un style ?  Il faut regarder ses photos et lire les interviews de Daniel Castonguay pour comprendre sa manière de penser, comment il ressent ses photos (voir les liens ci-dessous). Dans le cadre de notre groupe, il est intéressant de comprendre comment il fait son traitement et d’ apprendre des techniques.

Comment d’habitude, si vous n’aimez pas ou ne trouver pas cela légitime, vous avez le droit ; passez votre chemin et allez lire autre chose.

Ce tuto est sans prétention, je n’ai rien trouvé sur le web concernant ses méthodes de post traitement. J’ai donc compilé les commentaires des membres du groupe et travaillé ; je n’ai aucune idée de la qualité de ce tuto mais ce n’est pas grave, j’ai aimé découvrir ce photographe (merci à Arnaud Leclere) et j’ai appris quelques techniques.

Qui est Daniel Castonguay ?

Daniel Castonguay est un photographe canadien ayant un style très particulier. Il a commencé la photo en 1979.  Il se classe dans la photographie de rue, la « Creative Street Photography » comme il le dit lui même.

Voici son style de photo :

Consultez son site avec plein de photos, il est ICI. Ou une vidéo de son travail ICI.

On peut aussi voir certaines de ses photos ICI (un « livre  » sur Issuu.com) et (sur 1x.com), il y a des photos et une interview très intéressante où il parle un peu technique.

Voici une seconde interview (ICI), il parle de sa philosophie de la photo.

Ce qu’il dit.

Il shoote avec un Pentax Kx, petit reflex léger  (APS-C) datant un peu, il utilisait une focale 50mm puis une 20mm. Il passera probablement sur un hybride.

Encore une fois, on se rend compte que la course au matériel ne fait pas de meilleures photos.

La post production qui semble occuper une grande place est faite sur Photoshop et Camera Raw (peu sur Lightroom).

A ses débuts, voici comment il travaillait en argentique :

 …Je n’aimais pas représenter les choses telles qu’elles étaient et surtout dans la photographie de rue où l’imagerie doit suivre des règles strictes. Cette naïveté et cette franchise nous ont permis d’être créatifs au point de créer des superpositions qui pourraient être utilisées dans une pièce sombre. Une plaque de verre sur le papier et divers matériaux translucides ont été ajoutés sur le verre tant que la lumière pouvait passer au travers, sans parler de nos techniques hétéroclites d’esquive, de brûlure, d’effet sabattier, d’exposition multiple etc. Et c’est ainsi qu’a commencé ma fascination pour les textures et la post-production.

Voici, maintenant quelques phrases extraites de différentes interviews.

La post-production n’est pas qu’une simple étape dans le développement d’une image, c’est un moyen de mettre en valeur une histoire, ainsi qu’un moyen de dépeindre votre état d’esprit de l’ « instant ».

À un moment donné de la post-production, lors de l’ajout de textures, c’est là qu’intervient mon intérêt pour le spectateur et mes questions sont : « Où et comment vais-je amener le spectateur dans une histoire ? Dans quelle humeur voudrais-je que le spectateur soit ? « . Mais comme vous le savez, tout cela n’est pas forgé dans le béton mais plutôt suggestif.

Les imperfections font partie de mon imagerie et de l’atmosphère que je crée dans mes œuvres.

Le cœur de mon travail lorsque je travaille sur une image consiste à estomper les éléments gênants et à « mettre en lumière » des éléments d’intérêt qui ajouteront évidemment à l’aspect géométrique de l’image.

Le premier aspect que je considère est en fait lié à l’éclairage et bien sûr à l’exposition des points d’intérêt, le sujet devant présenter un détachement par rapport à l’ensemble du cadrage le séparant ainsi du reste, puisque globalement, il est le personnage principal de l’histoire.

Que retenir de son style et de son post traitement. 

Pour nous guider dans notre post traitement :

Daniel Castonguay  parle souvent de l’importance de la géométrie dans la prise de vue et de la nécessité de créer des zone vides pour mieux mettre en valeur l’élément dominant. Donc il y a un travail sur la composition.

De l’argentique il a gardé le gout des photos noir et blanc, sépia, ou très désaturée. Daniel Castonguay souligne que ses photos de rue sont faites aux intersections de rue, les jours de pluie ou de neige et lors de jours sombres (voir son interview ICI). Pas de journée ensoleillée qui donnent des ombres qu’il n’aime pas.

Ce sont des photos de rue ou l’élément principal est généralement net. il y a une seule personne comme sujet principal car il dit ne pas aimer pas avoir plusieurs personnages. Il aime bien les parapluies. Mais le reste de l’image est floue, brouillé, texturé, plus clair, étiré pour certains élément avec des textures sous forme de ligne.  Il y a parfois des zones vides qui sont très importantes pour lui. Ce qui donne des images très contrastées.

Certains comme Diane se demandent s’il fait plusieurs prises (des photos floue, en bougeant ; et d’autres nettes) et les empile. Possible aussi que son image de fond soit réalisée en bougeant son boîtier (ICM: Intentional Camera Movement). Évidemment il conserve un calque du personnage qu’il souhaite garder net et intact afin qu’il ne soit pas touché par les ajouts de textures et autre. C’est surement le cas car il faisait des expositions multiples en argentique.

Il y a des textures et probablement plusieurs en même temps. Olivier pense qu’il y a sur certaines photos une texture « papier » et une seconde texture plutôt créée avec des pinceaux.

L’ambiance pluie permet de travailler avec les reflets. L’outil fluidité peut aussi être utilisé pour allonger des bâtiments

Daniel Castonguay indique bien qu’il n’y a pas de flux de travail unique en post traitement mais que chaque photo nécessite son propre traitement. Le rendu est en effet unique pour chaque photo même s’il y a un style parfaitement reconnaissable.

Quelques pistes pour créer un rendu similaire.

Nous allons donc voir quelques pistes données par certains adhérents de notre groupe.

  • La photo doit se prêter à ce genre de traitement, il y a donc nécessairement des choses à faire à la prise de vue.
  • Il faut savoir parfaitement utiliser Photoshop, ce n’est pas si facile.
  • Le traitement prend  énormément de temps.
  • Au delà de ce qui précède, il y a une démarche et un sens artistique dans le post traitement qui est loin d’être évident, ni facile, ni à la portée de tous. 

Les exemples ont été effectués sur des photos prises par moi même ( balade à Chatillon sur Chalaronne).

Une première approche simple et rapide est donnée par Patrick  :

On utilise le plug in Silver Effex  de la Nik Collection de DXO ; le rendu « 036 Ancienne plaque II »  auquel on a enlevé le virage, ajusté la valeur de grain et modifié l’exposition.

 

 

Mais on peut faire mieux et Patrick Huguet propose ce rendu plus élaboré sur une de mes photos :
Il utilise une texture et divers filtres.
Voici donc le panneau des calques.
Tout en bas se trouve un calque représentant un papier froissé (Calque texture papier). Ce calque est un objet dynamique on peut  ajouter des filtres : ajout de bruit pour rendre la structure granuleuse/irrégulière, plus un Flou gaussien de faible rayon pour limiter les cassures du grain. La texture  papier n’était pas blanche, on ajoute un calque de réglage  N&B à ce niveau.
Au dessus se trouve la photo (Calque 1). En mode incrustation, opacité 70%.
Le calque juste au dessus (Calque 1 Copie), une copie de l’ image, avec un flou directionnel vertical, lui aussi en mode incrustation et une opacité  autour de 60% pour garder une prédominance pour calque net.
On met un dernier calque « Courbes » tout en haut, pour rechercher les blancs purs et les noirs profonds (courbe en S), et on peint le masque suivant son inspiration pour harmoniser et donner l’impression d’ensemble.

Pour ma part, j’ai fait le travail suivant sur une des mes photos :

Voici l’image de départ :

Voici l’image traitée :

Voici le panneau des calques :
De bas en haut :
Il y a un « Calque de texture tissu » (achetée).
Dessus le « Calque 0« , avec l’image elle-même (mode « lumière Tamisée »).
Par dessus la copie de l’image en objet dynamique (« Calque 1 dynamique« ) en mode « Lumière Tamisée » auquel on a ajouté un filtre « Flou directionnel ».
Par dessus « Calque 1 copie isolant le personnage« , copie de l’image, mais ou le personnage a été sélectionné à l’aide d’un masque de fusion. Ce calque sert à ce que le personnage reste net .
Un calque de réglage noir et blanc.
J’ai ajouté une seconde texture à l’aide d’un calque vide sur lequel j’ai peint en noir avec le pinceau Kyle’s Inkbox Lines 1. Voir ci-dessous les détails sur les brushes.
Ce calque est en mode normal mais avec une opacité de 9%.
Par dessus j’ai ajouté un calque « dodge and burn » ; calque gris en mode « Lumière tamisée » ; j’ai peint dessus en blanc pour éclaircir ou en noir pour assombrir.
Pour assombrir encore plus, j’a ajouté un calque « courbe 1 assombrissant » en mode normal ; le bas de la courbe étant abaissé il assombrit beaucoup ; j’ai noirci le masque (ctrl+I) puis peint sur ce masque en blanc pour assombrir.
Par dessus il y a un calque filtre photo « Légèrement sépia » contenant une couleur très légèrement sépia en mode normal avec opacité à 30%.
Enfin un calque « Courbe 2 global » avec une courbe légèrement en S pour améliorer le contraste.
Voici quelques pinceaux qui pourraient être intéressants  pour créer une texture.
Il y a sur le site Adobe un Méga Pack gratuit contenant les brush Kile’s .
Voici celle que j’ai utilisée :
Pour trouver la bonne brush, une fois le pack chargé dans Ps il y a en haut du panneau des pinceaux une zone de recherche ; tapez « lines »).
Voici quelques autres brushes qui pourraient servir :
Philippe LASSERRE Juillet 2021.
Pour marque-pages : Permaliens.

5 réponses à A la manière de Daniel Castonguay

  1. Siria Chenuil dit :

    Un grand merci pour les recherches et le travail effectués qui profitent à tout le monde . Maintenant , YAPUKA …

  2. Siria Chenuil dit :

    Et bien bravo Philippe … Ca fait rêver … Depuis le temps que je rêvais d’aller de l’avant. Reste à bosser . Comme disent les Suisses :  » On n’est pas rendu  » …

  3. Philippe Lasserre dit :

    Merci

  4. Merci Philippe Je n’imaginais le travail à faire. J’avais juste pensé à une texture style toile de jute. Merci pour toute cette lecture et surtout à ton implication.

  5. Flament dit :

    Très très intéressant
    Merci énormément

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